Pourquoi j'ai quitté Facebook ?

Pourquoi j'ai quitté Facebook ?

13 janvier 2019

J'ai arrêté Facebook et plus généralement les réseaux sociaux il y a environ 1 an. Dans cet article je reviens sur les raisons de ce choix et sur ce que cela m'a apporté. Je précise que ce que j'écris n'est que mon avis personnel et mon expérience.

Si vous souhaitez seulement supprimer votre compte Facebook, l'explication est ici.

Temps de cerveau disponible

Le but des réseaux sociaux, pour reprendre l'expression de Patrick le Lay (ex-président de TF1), est d'obtenir du temps du cerveau disponible.

Pour gagner de l'argent, Facebook monétise du contenu. Si vous êtes une entreprise et que vous cherchez à vous faire connaître, ou à ce que l'on parle de vous, vous allez peut-être demander à Facebook de montrer votre contenu à un groupe ciblé d'individu. Par exemple, la marque Coca-Cola diffusera ses messages auprès des jeunes en recherche de sensation forte. C'est ce que l'on appelle une publication sponsorisée. Pour pouvoir vendre ça, facebooka besoin que l'on passe du temps sur le réseau social, et que notre cerveau soit disponible. Pour cela il faut nous divertir, nous faire rire, nous faire peur etc.

L'inconvenant d'un tel business est que Facebook cherchera toujours à vous garder actif sur sa plateforme. En analysant le comportement des internautes et en se basant sur vos réactions aux différentes publications qui vous sont proposées, Facebook apprend à vous connaître, pour mieux cerner quel contenu vous touche, quel contenu vous intéresse. En somme Facebook cherche constamment à vous afficher LA publication qui vous fera passer du temps sur le réseau social. Que le contenu soit vrai, faux, enrichissant ou non, peu importe, l'important est d'attirer votre attention.

La chasse à l’ennui

Vous avez déjà probablement entendu qu'il est bon pour les enfants de s'ennuyer. Que l'ennui permet de développer sa créativité, de se découvrir des talents ou d'apprendre à se connaître soi-même. Eh bien, je pense que cela ne s'applique pas qu'aux enfants. Je pense que nous aussi en tant qu'adulte, on pourrait profiter des vertus de l'ennui.

Cependant voilà, aujourd'hui lorsque l'on n'a rien à faire, pendant un trajet en bus par exemple, nous avons tous le réflexe de sortir notre smartphone et d'aller sur les réseaux sociaux. Dans une société où nous avons peur de l'ennui, les réseaux sociaux sont là pour combler chaque seconde que l'on aurait à tuer, avec un flux incessant de contenu plus ou moins qualitatif.

Le phénomen de la bulle filtrante

Comme évoqué précédemment, les algorithmes de Facebook sont très forts pour nous montrer ce que l'on a envie de voir. On aime être conforté dans nos avis, et ça Facebook l'a bien compris. Avec ce genre d'algorithmes les utilisateurs du réseau social se retrouvent enfermés dans une sorte de bulle informationnelle. Le problème de ce système, est que pour évoluer nous avons besoin de sens critique. Si Facebook nous montre toute la journée des publications de personnes qui pensent exactement comme nous, on aura l'impression que tout le monde est de notre avis et on ne sera pas poussé à essayer de comprendre un autre angle de vue.

Je pense que cette bulle contribue à accroître la division entre les personnes dont les opinions divergent. Mais je pense aussi qu'elle favorise les extrêmes et qu'elle participe à l'instauration d'un climat de peur. La peur est certainement le sentiment qui marche le mieux pour vendre une information, ou même pour pousser à la consommation. C'est pour cela que nos médias mettent de plus en plus en avant les fait divers. D'après l'INA, en 10 ans le nombre de faits divers dans les JT a augmenté de 73%. Les publications qui font peur marchent mieux, elles génèrent plus de clic, donc les contenus qui inquiètent sont naturellement mis en avant par les algorithmes. Cela explique également pourquoi l'on retrouve autant de vidéo ou d'article dont le titre contient l'expression "ça tourne mal", c'est une façon efficace d'attirer l'attention de l'internaute.

Le culte du moi

Aujourd'hui les réseaux sociaux sont pour beaucoup de personnes comme un journal intime public où l'on peut se mettre en avant pour espérer gagner en popularité et gonfler son ego. Sur Instagram, chaque individu est une marque, avec son nom, son slogan, ses photos, et le plus important, un nombre d'abonnés. Que ce soit les abonnés Instagram, les Flowers sur twitter ou les likes sur Facebook, toutes ces métriques sont là pour mesurer la popularité d'une personne. Sur les réseaux sociaux nous avons une communauté, et il faut plaire à sa communauté. Nous avons même donné un nom aux personnes qui sont populaires sur les réseaux sociaux : "Les influenceurs".

Il y a un épisode de la série TV Black Mirror qui parle très bien des dérives et conséquences de cette course à la popularité. Dans cet épisode, chaque individu a une note publique. Les notes vont de 1 à 5 étoiles et lorsque vous croisez quelqu'un vous voyez sa note. Le principe est qu'à tout moment vous pouvez noter un individu et les notes données par des personnes populaires ont plus de poids. Pour accéder à des services importants comme les transports ou les prêts immobiliers vous devez avoir une certaine note minimum. Le résultat est que plus personne ne peut se permettre d'être naturel, il faut constamment sourire, soigner son apparence, être gentil avec tout le monde, enfin... avec ceux qui ont une meilleure note que vous. Tout ne tourne qu'autour de l'image que l'on donne. On a donc une société uniforme où tout le monde est pareil, tout le monde pense la même chose, et ceux qui ne rentrent pas dans le standard sont mis de coté et rejeté.

Vous vous dites que ce n'est que de la fiction ? Détrompez-vous ! En Chine le gouvernement est déjà entrain de tester un système de notation des individus dans plusieurs villes et compte déployer le "système de crédit social" en 2020.

Les dangers de la reconnaissance faciale

Sur les réseaux sociaux, nous avons tendance à publier une grande quantité de photos et de vidéos. Chaque photo ou vidéo dans laquel on peut voir un visage, même de mauvaise qualité, est une information précieuse pour la reconnaissance faciale. Facebook ne se cache d'ailleurs pas d'utiliser la reconnaissance faciale sur toutes nos photos. Il suffit que l'un de vos amis publie une photo de groupe où vous apparaissez ou même une vidéo pour que le lien soit fait. Ainsi, même si vous n'êtes pas sur les réseaux sociaux, à cause des images publiées par vos amis, Facebook sait où vous êtes, ce que vos faites et avec qui.

Aujourd'hui votre visage est une manière de vous retrouver encore plus puissante que votre nom et votre prénom. En France, depuis novembre dernier les caméras de surveillance utilisent la reconnaissance faciale. Vous ne faites pas encore le lien? Grâce à la reconnaissance faciale il est possible de relier vos activités sur les réseaux sociaux à votre identité. Que ce soit les services de renseignements, votre futur employeur ou même un inconnu que vous avez croisé dans la rue, il sera bientôt de plus en plus facile pour n'importe qui de vous retrouver uniquement grâce à une photo prise de vous. C'est déjà ce que fait la société Clearview ou encore le moteur de recherche russe Yandex.

Conclusion

J'ai pris mes distances avec les réseaux sociaux car :

  • Je choisis de nourrir mon cerveau avec du contenu intéressant et qualitatif qui n'a pas été sélectionné par les algorithmes de Facebook.
  • Je fais le choix de m'ennuyer de temps en temps, car c'est bon pour moi.
  • Les réseaux sociaux ne vont pas m'aider à m'ouvrir et risquent de m'influencer dans le mauvais sens.
  • Je n'ai pas besoin d'obtenir des Likes, Fav, RT ou Follow pour me sentir bien dans ma peau.

Comment supprimer son compte Facebook ?

Si vous aussi vous souhaitez supprimer Facebook, vous pouvez le faire en suivant quelques étapes. Notez cependant que cette action est définitive, vous aurez une période de rétractation de 30 jours ou vous pourrez toujours vous reconnecter et demander d'annuler la suppression de votre compte.

Si vous souhaitez continuer à utiliser Messenger, préférez la désactivation de votre compte plutôt que sa supression.

Pour supprimer définitivement votre compte :

  • Cliquez sur la flèche en haut à droite de la page sur Facebook.
  • Cliquez sur Paramètres.
  • A gauche de la page, cliquez sur Vos informations Facebook.
  • Puis sur Supprimer votre compte et vos informations et enfin Supprimer mon compte.
  • Saisissez votre mot de passe, cliquez sur Continuer, puis sur Supprimer le compte.

Comment supprimer Facebook et garder messenger ?

Heureusement il est maintenant possible d'utiliser Messenger, l'application de discussion de Facebook, sans posséder ce compte Facebook ! Vous pouvez donc à tout moment supprimer votre compte Facebook et rester en contact avec tous vos contacts Facebook. Personnellement c'est ce que j'ai faits.

Pour continuer à utiliser le même compte Facebook et à garder tous vos contacts existant sur Messenger, désactivez votre compte Facebook plutôt que de le supprimer.

Pour désactiver votre compte :

  • Cliquez sur la flèche en haut à droite de la page sur Facebook.
  • Cliquez sur Paramètres.
  • A gauche de la page, cliquez sur Général.
  • Puis sur Gérer votre compte et enfin Désactiver votre compte.

Sinon vous pouvez aussi supprimer définitivement votre compte Facebook, et créer un tout nouveau compte avec une nouvelle adresse email pour Messenger.

Pour finir sur une note positive

Malgré tout, il y a quand même du positif dans les réseaux sociaux ! Premièrement, ce sont des moyens très efficaces de suivre les médias, les blogs et les entreprises qui nous intéressent. Personnellement je n'ai pas le temps d'aller consulter manuellement tous les blogs qui m'intéressent pour savoir s'il y a du nouveau ou pour me tenir informé de l'actualité. J'avoue que pour ça, Facebook et Twitter me manquent un peu.

Enfin, le but premier des réseaux sociaux, la communauté. Facebook par exemple est super pour garder contact et communiquer avec ses amis, particulièrement ceux qui sont loin.